Doit-on dire « pallier » ou « pallier à » ?

Pallier quelque chose ou pallier à quelque chose ? On lit souvent les deux formulations… et pourtant !

Issu du latin pallium, « manteau », et palliare, « couvrir d’un manteau », le verbe pallier signifie à l’origine « dissimuler une chose condamnable sous une belle apparence ; cacher ». Ainsi, autrefois, dans le vocabulaire médical, lorsque l’on palliait un mal, on visait à le soulager sans le guérir. De là découle notamment la notion de soins palliatifs.

Aujourd’hui, le sens du verbe pallier a évolué pour signifier « atténuer faute de mieux, remédier provisoirement ». Exemple : La mairie a mis en place à l’école un service minimum et ce, pour pallier la grève des enseignants.

Vous l’aurez compris au vu de ces exemples : pallier est un verbe transitif direct : il se construit donc avec un complément d’objet direct, sans préposition. On écrit « pallier les problèmes » et non pas « pallier aux problèmes ».

De nos jours, l’on retrouve de plus en plus le verbe pallier suivi de la préposition « à ». Vous trouverez facilement quelques exemples en cherchant sous l’onglet actualités de votre moteur de recherche favori. Ainsi : « … la manière dont certains joueurs pallient aux blessures » (source) ; « … ce tissu associatif qui pallie, très souvent, au manque de moyens dans les maisons de retraite… » (source) ; « Pour pallier à ce problème… » (source).

Pallier à signifie alors « remédier à, parer à ». Cette construction, que l’usage légitimera peut-être dans quelques années, n’en est pas moins actuellement fautive. L’Académie française s’y est d’ailleurs expressément opposée. La construction « pallier à » est donc à proscrire. Outre l’usage incorrect de la préposition, elle fait oublier, comme le souligne Bruno Dewaele, le côté provisoire et insuffisant du « cache-misère »  !

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